Spéciale UMP : les 10 plus belles boulettes de la semaine
Il semblerait que nous assistions actuellement à une des compétitions les plus relevées qu’il nous ait été donné de voir au sein de la droite française. A coup de petits phrases et d’actions plus que discutables, les politiques de droite se livrent une guerre sans merci pour remporter le trophée de l’action ou de la déclaration la plus minable du moment. Une compétition de haute lutte, dont je vous demanderais d’élire le lauréat…
1) Françoise De Panafieu : A l’issue d’une réunion à l’Hôtel de Ville de Paris, la majorité des journalistes présents se presse autour de Bertrand Delanoë. Ceux qui ont eu la présence d’esprit de rester près de Françoise de Panafieu auront la chance de recueillir cette phrase au verbe délicat : « Regardez-moi ce tocard !». Quelques jours plus tard, dans un second effort, elle justifiera pleinement sa participation au concours en expliquant qu’il ne s’agit « pas d’une insulte » et que « tocard » est un mot plutôt « gentil » !
2) Emmanuelle Mignon (extrait 1) : Pour expliquer le projet gouvernemental sur la mémoire de la Shoah (voir mon article du 14 février) et pour justifier le choix de ce génocide en particulier, la conseillère élyséenne la plus en vue du moment déclarera que « personne ne conteste qu'il existe d'autres drames, mais ce sont des drames politiques. Les enfants palestiniens, vietnamiens, d'autres encore ont été victimes de conflits politiques mais avec la Shoah, les enfants ont été victimes du racisme ». En jouant sur le terrain de « l’Histoire pour les Nuls », elle pourrait bien souffler la première place à des adversaires pourtant déjà bien plus familiers avec ce type d’exercice…
3) Rama Yade : En campagne pour les municipales de Colombes où elle est 3e nom de la liste UMP, la petite protégée de Sarkozy a parfaitement joué son rôle de petite victime très très gentille face aux monstres très très méchants du camp d’en face : « Cette gauche qui s'en prend à moi, parce que je suis noire». Cette phrase, revendiquée depuis par de nombreux mouvements surréalistes, aurait même surpris Nicolas Sarkozy qui aurait selon certaines sources manqué de s’étouffer avec un bretzel. A coup sûr, la petite perle du gouvernement devient bien plus qu’une simple outsider dans cette lutte acharnée pour la victoire.
4) Jean-Marie Cavada : Lors d’une réunion publique anti-Delanoë, Mr Stefanovic (journaliste invité par Cavada) déblatère de nombreux arguments plus moisis les uns que les autres, en particulier sur les subventions allouées aux associations juives et homosexuelles. D'autres, du genre « les gros 4X4 du 93 et du 94 qui bloquent tout et qui polluent » apparaissent encore plus risibles (et indignes d’une personne se déclarant journaliste). Interrogé sur cette affaire, Jean-Marie Cavada, pourtant aux côtés de l’apprenti-écrivain pendant plus de 10 minutes, entre sans hésitation aucune dans la 4e dimension en déclarant : « Je ne peux évidemment pas cautionner de tels propos discriminatoires et, si je ne les ai pas relevés sur le moment, je vous garantis que c'est parce que je ne les ai pas entendus". Moi, je vous crois Mr Cavada !
5) Emmanuelle Mignon
(extrait 2) : La Shoah n’étant sans doute plus un sujet assez porteur,
Madame Mignon récidive donc quelques jours plus tard en enchaînant sur les
sectes qui sont selon elle un « non-problème », ajoutant même que
« la liste établie en 1995 est scandaleuse » et que « l’on peut
s’interroger » sur la menace représentée par la Scientologie. Après avoir
nié dans un premier temps (nous laissant penser à un abandon de la
compétition),elle reviendra encore plus fort en justifiant ses propos par le
fait qu’elle avait été « interrogée de manière informelle ». Une
retenue qui l’honore tant les extraits précédents lui ouvre les portes d’une
victoire qui semble plus que jamais lui tendre les bras.
6) Michèle
Alliot-Marie : Contrairement à ses adversaires, la très chère MAM ne
s’est elle pas faite remarquée pour sa rhétorique, mais pour sa gestion pleine
de professionnalisme des interpellations de Villiers-le-Bel. 150 journalistes
affamés de jolies images d’arrestations à domicile nous ont ainsi fait vivre en
direct la visite d’un HLM de banlieue par des fonctionnaires de police. Comme
n’importe quel citoyen, j’ai d’ailleurs pu remarquer que la plupart des
vrai-faux délinquants n’avaient aucun sens de l’accueil, les appartements n’étant
pas particulièrement bien rangés pour le direct-live alors que tout le monde avait
été prévenu 3 jours à l’avance. Officiellement, les 2000 policiers présents
n’ont pas pu contenir ces 150 journalistes. On ne manquera pas de faire
remarquer que cette performance les fait plus ressembler au flic des
« Village People » qu’au bon policier russe ou chinois, dont certains
regretteront les contacts chaleureux avec tout ce qui porte une caméra ou une
perche-micro poilue. Toujours est-il que la présence desdits journalistes au
bon endroit au bon moment reste un mystère digne d’un miracle de la Bible… Tous
les Mr Elkabach des médias français ont sans aucun doute eu des apparitions les
nuits précédant l’événement.
7) Dominique Perben : Dans un clip de campagne pour les municipales de Lyon, l’ancien Garde des Sceaux déclare en toute décontraction : « On va défoncer » la liste PS. Malheureusement pour lui, cette petite délicatesse envoyée à ses adversaires politiques manque sans doute un peu de mordant pour remporter la palme. On ne saurait trop lui conseiller de persister dans cette voie en agrémentant sa phrase de quelques noms d’oiseaux. Un petit « On va les défoncer ces sales bâtards » lui permettrait sans doute de revenir plus sérieusement dans la course.
8) Nicolas Sarkozy (extrait 1) : Ne pouvant laisser ses collègues oeuvrer devant les médias sans qu’il n’ait son mot à dire, Mr Sarkozy a sans doute pensé que renvoyer une décision du Conseil Constitutionnel devant la Cour de Cassation ça aurait quand même de la gueule vu que personne ne l’avait jamais fait avant. La Constitution, elle, la ramène beaucoup moins puisqu’elle doit surveiller nuit et jour ses différents articles afin d'éviter de se faire dépouiller, et de prendre alors un sérieux coup de froid. Si elle devait en arriver là, peut-être pourrait-elle tout de même se faire adopter par des gouvernements beaucoup moins regardants qui la trouveraient tout d’un coup beaucoup plus sexy avec certains articles de moins…
9) Patrick Balkany : Sans aucun doute mon favori ! Mr Balkany déjà en course pour l’investiture au poste de la personnalité politique la plus corrompue de France (engagé dans un duel serré avec un Charles Pasqua toujours aussi imprévisible) nous a gratifié d’une petite sortie pleine de virtuosité, qui montre à ceux qui en doutaient encore que cet homme possède des qualités hors du commun. Ainsi, à une question de faux journalistes américains (en réalité français) sur l’état de la pauvreté en France, il a tout de suite saisi l’opportunité qui lui était donnée en déclarant que « nous n'avons pas de misère en France » et que « ceux qui sont pauvres ont fait le choix de ne pas travailler ». Avec une telle soif de victoire et une telle générosité dans l’effort, comment ne pourrait-il pas remporter le trophée ? Mais chaque compétition recèle son lot de surprises…
10) Nicolas
Sarkozy (extrait 2) : Voyant que son vieil ami Balkany prenait une
longueur d’avance dans cette compétition de longue haleine, notre cher
Président est retourné au charbon pour arracher le précieux trophée. Alors
qu’il donnait de nombreuses poignées de main dans la foule qui l’entourait au
Salon de l’Agriculture, un homme qu’il venait d’effleurer lui tint à peu près
ce langage :
L’inconnu : « Ah
non touche-moi pas !»
Sarkozy : « Casse-toi alors !»
L’inconnu : « Tu me salis… »
Sarkozy : « Casse-toi alors pauvre con !»
Cette rupture dans la conception de la fonction et de la grandeur présidentielles pourrait bien lui permettre de s'octroyer le titre tant convoité...